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Histoire philosophique
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rience & ſa fermeté, ne réuſſit pas à ſurmonter tant d’obſtacles. Après s’être enfoncé bien avant dans la mer Rouge, il fut obligé de revenir ſur les pas avec ſa flotte, qui avoit ſouffert de continuelles incommodités & couru de fort grands dangers. Une politique inquiète & cruelle lui fit imaginer des moyens d’arriver à ſon but, beaucoup plus hardis, mais qu’il croyoit plus infaillibles. Il vouloit que l’empereur d’Ethiopie, qui briguoit la protection du Portugal, détournât le cours du Nil, en lui ouvrant un paſſage pour ſe jetter dans la mer Rouge. L’Égypte ſeroit alors devenue en grande partie inhabitable, peu propre du moins au commerce. Lui-même il ſe propoſoit de jetter dans l’Arabie, par le golfe Perſique, trois ou quatre cens chevaux, qu’il croyoit ſuffiſans pour aller piller Médine & la Mecque. Il penſoit qu’une expédition de cet éclat remplirait de terreur les Mahométans, & arrêterait ce prodigieux concours de pélerins, le plus ſolide appui du commerce, dont il cherchoit à extirper les racines.

Des entrepriſes moins haſardeuſes, & plus utiles pour le moment, le portèrent à différer