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des deux Indes.
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voyoit. Ses douanes, qui formoient la principale branche de ſes revenus, par le droit de cinq pour cent, que les marchandiſes des Indes payoient à leur entrée ; & par celui de dix, qu’elles payoient à leur ſortie, commençoient à ne plus rien rendre. Les banqueroutes, que l’interruption des affaires rendoit fréquentes & inévitables, aigriſſoient les eſprits contre le gouvernement ; toujours reſponſable aux peuples des malheurs qui leur arrivent. La milice mal payée, craignant de l’être encore plus mal, ſe permettoit des mutineries plus redoutables dans le déclin de la puiſſance, que dans des tems de proſpérité. L’Égypte étoit également malheureuſe, & par le commerce que faiſoient les Portugais, & par celui que leurs violences l’empêchoient de faire.

Elle pouvoit ſe relever de cette décadence avec une flotte, mais la mer Rouge n’offroit rien de ce qu’il falloit pour la conſtruire. Les Vénitiens levèrent cet obſtacle. Ils envoyèrent à Alexandrie des bois, & d’autres matériaux. On les conduiſit, par le Nil, au Caire, d’où ils furent portés ſur des chameaux à Suez. C’eſt de ce port célèbre,