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Histoire philosophique
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lexandre y avoit entraînés dans ſes expéditions. D’autres, plus enhardis encore par la cupidité, reconnoiſſoient les bouches de l’Indus, parcouroient la côte de Malabar, & s’arrêtoient à l’iſle de Ceylan, connue des anciens ſous le nom de Taprobane. Enfin, un très-petit nombre franchiſſoient le Coromandel, pour remonter le Gange, juſqu’à Palybotra, la plus célèbre ville de l’Inde par ſes richeſſes. Ainſi l’induſtrie alla pas à pas, de fleuve en fleuve, & d’une côte à l’autre, s’approprier les tréſors de la terre la plus fertile en fruits, en fleurs, en aromates, en pierreries, en alimens de luxe & de volupté.

On n’employoit, à cette navigation, que des bateaux longs & plats, tels à-peu-près qu’on les voyoit flotter ſur le Nil. Avant que la bouſſole eût agrandi les vaiſſeaux, & les eût pouſſés en haute mer à pluſieurs voiles ; ils étoient réduits à raſer les côtes à la rame, à ſuivre terre à terre toutes les ſinuoſités du rivage, à ne prêter que peu de bord & de flanc aux vents, peu de profondeur aux vagues, de peur d’échouer contre les écueils, ou ſur les ſables & les bas-fonds. Auſſi les voyages, dont la traverſée n’égaloit