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des deux Indes.

jamais quitter le métier de ſes parens. Voilà pourquoi l’induſtrie & l’eſclavage s’y ſont perpétués enſemble & de concert, & y ont conduit les arts au degré où ils peuvent atteindre, lorſqu’ils n’ont pas le ſecours du goût & de l’imagination, qui ne naiſſent guère que de l’émulation & de la liberté.

À cette caſte, infiniment étendue, appartiennent deux profeſſions remarquables par quelques uſages très-particuliers : l’une eſt celle des ſeuls ouvriers auxquels il ſoit permis de creuſer des puits & des étangs. Ce ſont les hommes les plus robuſtes & les plus laborieux de ces contrées. Leurs femmes partagent leurs travaux ; elles mangent même avec eux, par une prérogative que, dans tout l’Indoſtan, elles ne partagent qu’avec les compagnes des voituriers.

Ces derniers, auxquels tous les tranſports appartiennent, n’ont point de demeure fixe. Ils parcourent la péninſule entière. Ce ſont des bœufs qui portent ſur le dos, & leurs familles, & leurs marchandiſes. Soit uſurpation, ſoit droit originaire, ils font paître ces animaux ſur toutes les routes, ſans rien payer. Une de leurs plus importantes fonc-