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qui précèdent, mais, comme je viens de le montrer, ils ne sont pas impossibles à calculer. Reste à savoir seulement si ce calcul est nécessaire à la bonne marche de l’exploitation. Sans en pousser peut-être l’analyse aussi loin que je l’ai fait, je crois qu’il n’est pas mauvais que, de temps à autre, le cultiateur cherche ainsi à se rendre compte de ce qu’une culture déterminée lui a coûté et par conséquent rapporté ; si le gain lui paraît trop faible, il verra s’il ne peut avantageusement remplacer la plante qui lui a donné ce gain médiocre par une autre plus productive. Dans certains cas, la substitution nécessitera, de la part du praticien, une expérience qu’il fera bien de n’instituer au début que sur une petite échelle ; dans d’autres, au contraire, il sera renseigné d’avance lorsque les deux cultures existeront déjà parallèlement sur la même sole et qu’il ne s’agira que de faire prédominer sur l’une d’entre elles celle des deux qui donne le plus beau profit.

Le cultivateur rompu à son métier et possédant le maniement des outils avec lesquels il met en œuvre la matière première qu’est le sol, d’instinct, pour ainsi dire, choisit ceux de ces outils qui lui fournissent le meilleur rendement ; il n’a pas besoin, pour cela, dechiffres et de livres de comptes, mais encore est-il bien sûr de ne pas se tromper ? N’aurait-il pas abrégé la période des tâtonnements et des recherches s’il s’était éclairé par quelques jalons plantés le long de la voie où il hésitait à s’engager et que parfois il a dû abandonner en s’apercevant qu’il faisait fausse route ? Le contraire est probable, c’est pourquoi je n’ai pas passé sous silence la délicate question des prix de revient, elle permet d’orienter l’exploitation dans le meilleur sens possible et le gros propriétaire foncier de qui le domaine se divise en plusieurs fermes exploitées industriellement sous sa haute direction, agit sagement en tenant une comptabilitérigoureuse, où rien n’échappe à la vigilance de la personne qu’il y a préposée. Il gagne le temps et l’argent ainsi dépensés, parce qu’il arrive à savoir comment nourrir les plantes, aussi bien que les animaux, de la façon la plus économique et adopter ainsi le système de cultures le plus en harmonie avec le sol dont il dispose et les conditions économiques où il se trouve placé. Pour nous,