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les observe aux époques les plus chaudes de l’année. La présence des graminées inférieures, les variétés les plus grossières des bromes, la houlque laineuse, les roseaux et les laiches révèlent, au contraire, des sols trop humides et souvent aussi trop acides. Ils ne doivent pas être dédaignés pour cela, mais il faut tenir compte des dépenses à faire pour les améliorer et par suite les louer ou payer moins cher.

Une très bonne indication de fertilité est, à mon avis, donnée par la verdure telle qu’on peut l’observer dans les jardins et enclos et telle qu’elle se fait remarquer dans la plaine : si le vert accentué des jardins et des clos tranche, au printemps, sur le vert plus ou moins jaunâtre des récoltes ; si, à cette époque, les villages font, pour ainsi dire, tache dans le reste du paysage, c’est que les terres arables manquent de principes azotés et que leur bonne mise en culture exigera, de ce chef, des frais supplémentaires. La comparaison, dans un même rayon, entre les cultures d’exploitations d importances différentes fournit une indication du même ordre. La terre est bonne s’il n’y a pas de différence accentuée entre les récoltes obtenues par le gros fermier, qui a en mains tous les capitaux et instruments de travail nécessaires, et celles que fait pousser le petit cultivateur, obligé de cultiver de façon plus modeste. Si la différence est marquée, on peut craindre qu’elle ne soit pas due seulement au plus ou moins d habileté du cultivateur, mais qu’elle provienne aussi d’une grosse mise de fonds dans le cas du fermier riche : le sol est sans doute pauvre, ou au moins médiocre, et il est nécessaire de rechercher si les produits qu’il donne à frais élevés sont assez rémunérateurs pour justifier la dépense engagée.

Un nouvel exploitant doit être évidemment soucieux d’entrer en possession de terres propres et, s’il s’agit d’une location, il peut demander une concession sur les premières années de son bail afin de n’avoir pas à supporter les charges d’une remise en état de champs trouvés sales ; néanmoins, si l’on doit rechercher des terres exemptes de mauvaises herbes, la nature de celles qui ont pu échapper à l’instrument desbineursn’estpas indifférente : les orties, les chardons, le chiendent lui-même, sont la caractéristique des bons sols, généralement frais et