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ou mieux croisées avec nos sujets français, les bêtes de Frise ne donneraient pas un profit plus rémunérateur que nos moutons aveyronnais. Autant que je puis savoir, la question est encore à l’étude, mais elle mérite d’être envisagée. Une question d’un ordre différent, mais tout aussi intéressante que la précédente pour les éleveurs de l’Aveyron, est la nécessité pour eux de se syndiquer pour soutenir le cours du lait de leurs brebis ; en 1909, ce cours avait atteint 34 francs l’hectolitre : le trouvant sans doute trop élevé, les fromageries, qui jusqu’alors s’étaient fait concurrence se sont, au contraire, unies pour imposer leur prix à la culture ; à la suite de cette entente, il y a eu une baisse en 1910, baisse qui n’a pas dû être moindre de 3 ou 4 francs. Aux agriculteurs de répondre à une organisation par une autre organisation et de discuter à armes égales leurs intérêts.

Production de la viande de mouton adulte.

— Le producteur de viande de mouton achète des agneaux maigres de quinze à dix-huit mois, ou mieux des moutons maigres ayant atteint leur pleine maturité, c’est-à-dire âgés de deux ans et demi à trois ans. L’opération est, en général, une opération d’hiver poussée avec rapidité, de façon à obtenir au moins deux levées par saison, la durée de l’engraissement variant de deux à trois mois suivant la qualité des sujets auxquels on l’applique et aussi suivant la manière dont on peut les pousser en nourriture. Deux bonnes époques de vente sont janvier, à l’occasion des fêtes du jour de l’an, et Pâques surtout pour les bêtes jeunes dont il est fait alors une grande consommation de gigots. Les moutons vendus à Pâques peuvent être tondus ; c’est un élément dont il faut tenir compte ; on paie en partie l’avantage qui résulterait de la vente de la laine par le prix un peu plus élevé demandé par le marchand de moutons maigres, ou le prix un peu plus faible exigé par le boucher, qui tire vingt ou trente sous seulement des rasons, au lieu des cinq ou six francs qu’il recevrait pour une toison en laine. Mais le bénéfice que peuvent laisser les moutons de Pâques n’en reste pas moins, en raison de la valeur de la laine, un peu supérieur à celui que laissent les moutons de janvier. Il en serait autrement si les frais de manutention et de conservation des aliments non con-