Page:Raymond Vuigner - Comment exploiter un domaine agricole.djvu/304

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Aveyron et une partie des départements de l’Hérault, du Tarn, du Gard et Tarn-et-Garonne. On la retrouve aussi en Corse. En 1904, le lait était traité pour la fabrication du Roquefort dans 326 fromageries dont les trois quarts situées dans l’Aveyron ; en 1907,100 nouvelles fromageries, provoquant la concurrence, permirent d’obtenir pour l’hectolitre de lait les prix de 32 et 33 francs ; le fromage, fabriqué avec du lait meilleur pour avoir parcouru de moindres distances avant d’arriver à la fromagerie, atteignit le chiffre de 85.000 quintaux au prix de 225 francs le quintal sur les Halles de Paris, et l’on put prévoir, pour 1909, le chiffre de 100.000 quintaux. Ces chiffres donnent une idée de l’importance de la production. Au point de vue de l’éleveur, il faut noter que, si les brebis laitières de la région du Larzac donnent en laine des rendements très médiocres, elle fournissent de 100 à 120 litres de lait par an, représentant une valeur de 32 à 40 francs au cours de 32 francs l’hectolitre ; leurs agneaux pèsent à trois ou quatre semaines, époque à laquelle on vend ceux qui ne sont pas gardés pour la reproduction, de 7 à 12 kilogrammes, représentant, au prix de 1 franc le kilogramme, une valeur de 7 à 12 francs : comptons 9 francs et 3 francs de laine pour la mère, c’est un produit brut de 50 francs environ sur lequel on peut compter annuellement pour une brebis du Larzac. Pour chiffrer le résultat final de son entretien, il faudrait connaître les dépenses ; je n’ai pas en mains les éléments nécessaires pour les calculer, mais on conçoit que sur place il soit facile de se les procurer avant de s’engager dans l’affaire. Il faut, en tout cas, envisager que, pour obtenir un rendement élevé en lait de bonne qualité, les brebis doivent recevoir du tourteau et, dans leurs breuvages, des farines de céréales, l’herbe du causse ne leur suffit pas. MM. Fernand de Barrau et M. Marre, professeur départemental de l’Aveyron, sont extrêmement bien documentés sur la question, et nul doute qu’en s adressant à eux, le nouvel exploitant d’un troupeau de brebis laitières ne trouve tous les renseignements désirables.

M. Marre, à la suite d’un voyage en Frise, avait été frappé de voir que les brebis frisonnes donnaient annuellement jusqu’à 4 et 500 litres de lait, et, bien que ce lait fût moins riche que celui des brebis du Larzac, il s’était demandé si, pures