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qui sont étrillés journellement et tenus très propres sur une litière de fanes de topinambours. La ration est calculée pour produire un accroissement quotidien de 1 kilogramme, soit 125 kilogrammes pour quatre mois ; dès que le kilogramme n’est plus gagné, on liquide l’animal. Concurremment, dit M. Hitier, sont élevés des porcs craonnais yorkshires qui, tués à un an, pèsent 140 à 150 kilogrammes après avoir reçu des choux, des betteraves et des citrouilles : on ne leur donne pas de lait, l’exploitation ne comportant pas de vaches laitières, mais à la ration ci-dessus on ajoute, pendant la période d’engraissement, un complément de pommes de terre cuites et de farine d’orge.

Engraissement des bœufs de sucreries.

— Fréquemment, les bœufs sont, au contraire de ce que nous venons de voir en Charente, achetés aux cultivateurs ou industriels qui les ont utilisés comme moteurs, pour être engraissés de façon intensive : ces animaux ne valent pas les jeunes bœufs traités avec ménagement, néanmoins leur engraissement, qui dure de quatre à cinq mois d’hiver et se fait surtout à la pulpe et autres produits bon marché additionnés de tourteau de lin, peut être avantageux si l’on a racheté les bêtes à bon compte aux sucreries qui ne les engraissent pas elles-mêmes, une fois leurs charrois terminés.

D’autres fois, les bœufs passent à l’auge en quittantle harnais de travail, après avoir fait sur les fermes deux à trois campagnes ; ils ont alort sept ou huit ans, et il est assez vraisemblable que les exigences du consommateur conduiront encore à abaisser cette limite de réforme, sauf pour certains animaux que leur remarquable docilité inciterait à conserver jusqu’à complète usure pour la traction des instruments délicats. Engraissés comme ceux de leurs congénères qui sortent des sucreries, généralement ils ne permettent pas de retrouver leur prix d’acquisition lors de leur vente, et cependant l’industrie agricole qui consiste à les exploiter ne cosntituepas, tant s’en faut, une mauvaise opération, car on n’obtiendrait pas avec d’autres moteurs que ces bœufs le travail à si bon compte : eux-mêmes ne gagnent pas, mais ils grossissent les gains culturaux et ils fournissent à la terre un abondant fumier qui peut être regardé comme n’ayant rien coûté ou comme ve-