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contraire, sera un inutile tombeau d’aliments. Parfois celui qui n’est pas né dans le métier ne réussit jamais à se former complètement ; d’autres fois il semble qu’une sorte d’instinct lui serve de guide et le mette d’emblée hors d’affaire, mais comme ceci ne peut se prévoir d’avance, comme les écoles, même les écoles pratiques d’agriculture, ne donnent pas ou donnent insuffisamment l’instruction professionnelle par suite des circonstances particulières où elles se trouvent forcément placées, je crois indispensable à celui de nos élèves agriculteurs qui veut entreprendre la gestion d’un domaine agricole, comme propriétaire exploitant ou comme fermier, de faire, son instruction scientifique terminée, un stage prolongé dans une bonne exploitation bien dirigée, où on lui apprenne à voir d’abord, à exécuter ensuite, et à commander enfin. CP. stage, à mon avis, ne doit pas durer moins de dix-huit mois ou deux ans, de façon à pouvoir suivre le cycle complet d’une année agricole avec tous les travaux qu’elle comporte, depuis la préparation du sol en vue d’une récolte déterminée jusqu’à la vente ou l’utilisation sur place des produits de cette récolte. Muni de ces renseignements précieux, le stagiaire pourra s’essayer pour son propre compte, sans avoir trop à craindre les écoles fâcheuses ; mais, s’il en a la possibilité financière, et s’il veut mettre quelques atouts de plus dans son jeu, fixé sur le genre d’exploitation qu’il se propose d’entreprendre, il fera sagement de visiter encore quelques fermes s’adonnant aux spéculations végétales ou animales qu’il a lui-même en vue. Ces nouvelles visites seront forcément beaucoup plus courtes que le premier stage, leur durée dépendra de la nature et de l’importance des matériaux que l’on pourra recueillir : il est très bon d’avoir beaucoup de chiffres, et de comparer les méthodes, non seulement dans son propre pays, mais aussi dans les pays voisins, qui, par leurs conditions économiques ou climatériques, se rapprochent ou s’éloignent du nôtre : on dit, en effet, parfois que les extrêmes se touchent ; une chose certaine est que la connaissance de procédés de culture en apparence complètement opposés peut souvent suggérer l’idée la meilleure pour les conditions spéciales où l’on se trouve avoir soi-même à opérer.