Page:Raymond Vuigner - Comment exploiter un domaine agricole.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

visent un but particulier, telles l’École des industries agricoles de Douai, les écoles de laiterie et de fromagerie, voire même les écoles ménagères, et aussi l’enseignement agricole privé (Institut de Beauvais) et celui que commencent à donner diverses facultés.

L’expérience agricole indispensable pour compléter l’enseignement théorique.

— Mais si la pratique de l’agriculture nécessite la connaissance de la chimie, de la botanique, de la zootechnie, etc., etc., le chimiste, même doublé d’un botaniste et d’un zootechnicien, n’est pas nécessairement un agriculteur. C’est qu’en effet l’agriculture, qui comprend l’ensemble complexe de presque toutes les sciences, ne se confond avec aucune d’elles : elle plane pour ainsi dire au-dessus d’elles, ou plutôt constitue comme un lien de nature particulière qui les enserre toutes et, en les rapprochant, les oblige à réagir les unes sur les autres pour concourir au but spécial poursuivi par l’exploitation du sol en vue d’en tirer des produits végétaux, puis animaux. Or ce je ne sais quoi qui fait du savant un agriculteur praticien, l’enseignement théorique seul est incapable de le donner ; l’expérience, condition du succès du cultivateur de race, reprend ici tous ses droits ; au groupe de connaissances scientifiques que nous venons de mentionner, le chef d’exploitation, pour savoir conduire son affaire, doit ajouter un ensemble de connaissances pratiques dont il convient maintenant de dire un mot ; il doit, si j’ose ainsi m’exprimer, assembler ses notes pour en composer un morceau dont l’harmonie se mesure au résultat obtenu.

Qualités morales du bon agriculteur, esprit d’observation.

— Placé en face du sol qu’il connaît poùr l’avoir étudié, l’agriculteur devra ne rien négliger pour mettre en œuvre les ressources qu’il contient : attentif aux saisons, il en suivra les effets sur chacune de ses terres, et ce qu’il verra lui donnera l’indication du remède à apporter pour corriger un inconvénient, ou favoriser, au contraire, une utile action des phénomènes météorologiques. Ceci ne peut s’exprimer dans un livre, il faut l’avoir vécu ; tout au plus l’exemple d’un voisin capable peut-il servir de guide et diminuer les essais ; on imite ce qui a réussi à autrui sur des sols analogues à ceux que l’on