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l’île des femmes

— Comme tu es beau !

Dyonis resta muet. Vraiment, ces paroles étaient trop inattendues. Cependant, Lydé rougissante, elle aussi, ajouta visiblement étonnée :

— Tu es plus beau qu’une femme !

— Que dirais-je alors de toi, déesse ! répliqua timidement le chevalier. Tu es plus belle que toute beauté imaginable.

Comme se parlant à elle-même, Lydé continua :

— Je n’ai pas peur de toi. Tu ne m’effrayes pas et tu es un homme, l’homme défendu, l’homme réprouvé par Vénus victorieuse ! Ah ! comme nous avons raison de ne plus croire à l’infériorilé des mâles, à leur bestialité, à leur indignité native, à leur servitude obligée sous la loi de la femme amazone et déesse. Tu es beau, étranger, beau plus qu’une femme et divin en tes yeux comme une vierge guerrière.

Dyonis ne comprenait pas bien. Cependant, il sentit que si Lydé le trouvait beau, c’était à la suite d’une découverte de l’esprit et non par l’effet d’une admiration sentimentale. Il en éprouva un certain dépit.

Mais Lydé ne lui laissa pas le temps d’une réflexion plus nourrie :

— Voici bientôt le jour, dit-elle. Enveloppe-toi bien dans le manteau de Lalagé et suis-moi. Nous allons monter à l’observatoire. Lalagé, dans un instant, apportera des aliments. Tu resteras tout le jour avec nous et toute la nuit. Demain, nous re-