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l’île des femmes

pour qu’il retint en lui le plus impressionnant portrait de femme qu’il eût jamais admiré.

— Lydé, répéta-t-il avec plus de ferveur et de force, sois bonne pour moi !

Il osa même lui prendre les mains avec toute la spontanéité affectueuse de son imploration, de sorte que ce geste fut admirablement ce qu’il devait être en la circonstance.

— Compte sur moi, étranger, dit-elle. Lydé est une amie, une sœur des hommes. Mais parle plus bas.

Sur l’autre rive, une voix féminine cria : « Ohé ! Ohé ! »

Bona dea ! fit Lydé, mais cette barque est celle de Lalagé ?

— Oui, peut-être… je l’ai prise pour traverser le fleuve. J’étais fugitif. Cette barque me sauvait… Je n’ai pas hésité…

Un doigt sur la bouche, Lydé réfléchit. Le jour naissant baignait son visage jeune, idéalement féminin avec sa peau dorée, ses tresses blondes tombant sur les épaules et la pure eau bleue de ses prunelles. « Oh ! ciel ! qu’elle est belle ! » murmurait le chevalier au plus profond de lui-même.

— Viens ! fit brusquement Lydé en le prenant par la main.

Ensemble, ils firent un bond sur le tertre. Mais il fallut que Dyonis retournât dans la barque pour reprendre ses habits oubliés. Cela fait, la jeune « Mascouliné », car c’en était une, entraîna le che-