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l’île des femmes

son élan pour quitter la barque. Dyonis voulut la retenir par un pan de son manteau. Il lui resta dans la main. Et l’apparition, virginalement et suavement nue, comme Diané au sortir du bain, arrêtée sur la pointe des pieds, regarda le jeune homme dont la vêture était également tombée. D’un geste pudique, le chevalier ramena le manteau de Lalagé sur ses épaules. Ensuite, il présenta, tout ouvert, celui resté dans sa main, disant en même temps :

— N’ayez pas peur, Lydé. Ne me fuyez pas. J’ai besoin de protection. Je ne sais où je suis ni ce que je dois faire. Soyez mon Égérie, ô naïade du fleuve si belle !

Surprise, indécise, mais plus curieuse encore, tout en s’enveloppant du manteau que Dyonis lui avait rendu, Lydé demanda :

— Qui es-tu ?

— Un étranger des mondes lointains, naufragé sur votre terre.

— Quand ?

— Hier. Mon bateau La Centauresse fut coulé au moment du combat naval que vous avez dû entendre d’ici.

Lydé se courbant et se rapprochant dit tout bas :

— Montre-moi ton visage.

Elle offrit le sien.

Ils se regardèrent durant une seconde, une seconde qui suffit à Dyonis, le jeune homme vierge,