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l’île des femmes

Alors, la voix qui chantait dit en ce latin rustique déjà entendu :

— Évoé ! est-ce toi, Lalagé ?…

Dyonis palpita dans un silence cependant contraint et fort interdit.

— Lalagé ! réponds…

Des feuilles bruissaient, des branches s’écartaient : une forme blanche, divinement gracieuse, parut sur le tertre.

Le chevalier, toujours nu comme Adam, s’enveloppa prestement du manteau laissé dans la barque.

— Pourquoi, Lalagé, reprit la voix, pourquoi ne pas me répondre ? Es-tu devenue muette sur l’autre rive ? Les Vénousiennes t’ont-elles arraché la langue ?

Sans plus attendre, l’apparition sauta dans la barque.

Cette jeune femme n’était pas une ennemie. Dyonis se crut sauvé. Il baissa la tête cependant, ne sachant que répondre en sa confusion et sa crainte.

Une main douce passa sur son front et la voix musicale demanda encore :

— Qu’as-tu Lalagé ? Tu me fais peur ! Comment, tu ne dis toujours rien à Lydé ?

Le Père Loumaigne avait fait du chevalier un bon latiniste. Imitant de son mieux l’accent et la prononciation entendue, il dit en relevant la tête et le plus doucement qu’il put :

— Je ne suis pas Lalagé…

L’apparition poussa un petit cri égosillé et prit