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l’île des femmes

figuiers. La saveur méridionale des « quotidianos » et des raisins, c’était, parlée par des fruits, la musicale langue du pays natal !

Vers trois heures du matin, Dyonis arriva devant le fleuve qu’il était impatient d’atteindre, assez avant dans les terres pour éviter cette vaste embouchure observée par lui à bord de son vaisseau.

La première pointe du jour blanchoyait à l’horizon du levant. La lune, d’ailleurs apparue vers la mi-nuit, éclairait doucement le paysage. Les projections lumineuses, venues de la Cité de Vénus et qui balayaient le ciel au moment de la ténèbre, ne se produisaient plus. Tout était silence, fraîcheur apaisée, tranquillité dormante.

Apercevant un bois montueux sur l’autre rive, Dyonis résolut de traverser le fleuve à la nage en cet endroit, bien qu’il y fût particulièrement rapide et bouillonnant. Il remonta cependant encore un peu en amont pour utiliser la dérive du courant. Bien lui en prit, car il ne tarda pas à découvrir une petite île boisée, dominée par des rochers assez hauts et curieusement pittoresques. Comme il descendait vers la berge, déjà déshabillé, ses vêtements rangés sur un gros fagot de branches qu’il avait pris au bord d’un champ, il vit une barque, avec ses deux rames, qu’un simple câble noué à un arbre retenait. Sans prendre le temps de se rhabiller, il détacha l’embarcation et rama avec allégresse, bien décidé à ne faire qu’une pause à la