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l’île des femmes

souci de son salut. Il ne pouvait rester perché sur un arbre, si près sans doute de ces Vénusiennes inclémentes et assassines.

Que faire ? Quel parti prendre ?…

Dyonis ne pouvait, certes, dans son ignorance presque totale du monde où il se trouvait, projeter un plan d’action à longue visée. Deux faits seulement lui servirent de repère : les « Vénousiennes » étaient des ennemies et les « Mascouliné » des amies, des alliées depuis le combat naval d’hier. Il fallait donc s’éloigner des unes et tenter de rejoindre les autres. Or, la messagère avait dit, sur La Centauresse, qu’il fallait doubler le cap, allongé là-bas sur l’océan, au bord extrême du golfe pourpre. C’est donc vers la contrée située au delà de ce promontoire qu’il devrait cheminer dès que la nuit serait venue.

Son parti étant pris, Dyonis se calma. La perspective de l’action lui rendit même l’espoir avec tout son courage. Il se donna alors le temps de penser de tout son cœur au vieux capitaine Le Buric, au beau lieutenant Tamarix dont il aurait aimé, en cette île, le plaisant compagnonnage. Ah ! quels regrets qu’Onésime Pintarède ne fût pas avec lui ! Comme il aurait jubilé dans cet eldorado botanique ! Il le voyait, déflorant de l’œil quelque plante arrachée. Et le bon Père Loumaigne, quelle ne serait pas sa fascination, lui qui ne détaillait pas le monde, devant cet Atlantique poussant sa houle indigo vers les cendres dorées de l’horizon !