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l’île des femmes

Tamarix, tout son équipage de choix. Il s’accusait de cette catastrophe, de même que sa détresse lui paraissait être la conséquence de sa vaine curiosité géographique. Que n’était-il resté comme ses frères, là-bas, dans la douce Provence, à l’abri du château d’If !

Le bruit déferlant des vagues annonçait le retour de la marée. Tout obscurci de son malheur, les yeux encore pleins de larmes, Dyonis gravit la côte, fuyant la mer phosphorescente qui revenait dans la conque de sable.

Une fois à l’abri, son premier soin fut de scruter le large et d’écouter l’espace. Plus un bruit de bataille. L’obscurité partout. Il était seul, cette fois, face au destin !

Que faire ? Rien pour le moment. Dormir surtout. Dyonis chercha une place chaude entre les rochers chauffés par la chaleur du jour. Des amas de fucus secs grésillaient sous ses pas. Il en fit un tas, y mit le feu avec son briquet, alluma même une pipe, son tabac n’ayant pas été mouillé dans sa soubreveste de cuir. Lorsque ses habits furent séchés, il s’endormit en songeant à Robinson Crusoë dans son île. Il ne se réveilla qu’au matin, à l’aurore.

Devant lui la plaine marine était vide et blanche sous la tiède naissance du jour. Aucun débris de La Centauresse, nulle épave de la bataille navale. Au loin, les Anadyomènes montraient à peine leur tête au ras des flots. Instinctivement, Dyonis s’éloi-