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l’île des femmes

Le chevalier haletait, déchiré, morcelé, écharpé par les détonations, les explosions, les chocs brisants sur les flancs d’acier des vaisseaux. Mais il suivait vaillamment le capitaine Le Buric qui ne le dissuadait pas de son imprudente bravoure.

Le lieutenant Tamarix commandait aux caronades, noir de poudre, tout à son rôle. Il était magnifique. Remis de sa première surprise, maître Onésime Pintarède lui-même venait de risquer une apparition sur le pont, nazillant des yeux, si l’on peut dire, et observant la bataille avec un comique effarement. Le père Loumaigne, toujours serein, majestueux, portait aux canonniers des cruches d’eau acidulée et priait pour le salut du navire.

Maintenant, les grands oiseaux mécaniques venus du large se rencontraient avec ceux partis de la Cité de Vénus. Mêlée tournoyante. Chasse des appareils les uns contre les autres avec de vertigineuses voltiges dans l’azur. L’acharnement inouï, de ce combat donnait l’impression d’une méchanceté terriblement agressive et impitoyable. Une bombe tombée du ciel, grosse comme un sac de farine, fit son plongeon et explosa à côté de La Centauresse. La goëlette craqua dans toute sa membrure et toucha le flot de la bande.

Ahuris, heurtés dans une sorte d’étonnement catastrophique, les Marseillais haletaient avec un tapage épouvantable dans l’estomac et un douloureux resserrement de l’épigastre. En même temps l’odeur de la poudre, la violence du sang leur fai-