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l’île des femmes

— Donnez vos amarres. La vigie vous prendra en remorque. Gouvernez en suivant.

Juste à ce moment, trois coups de canon tirés de la colline enfoncèrent profondément le silence. La rumeur que l’on percevait un instant auparavant devenait une sarabande de bourdonnements de plus en plus rapprochés.

Le porte-voix prononça ces mots solitaires, exclamations sans doute de celui qui l’embouchait :

— Mascouliné ! Mœchiné !

— Que faut-il entendre ? demanda vivement Dyonis au père Loumaigne.

Le révérend déclina à part lui Masculinus, Mœchus, Mœcha puis répondit :

— Je crois que l’on a dit : Les Masculines ! les Adultères !

Et il ajouta en soupirant :

— Seigneur, quelle est donc la moralité de ces gens-là ?

Des bateaux pareils aux myrmidons franchissaient la passe des Anadyomènes à toute vitesse. Instantanément, ceux qui cernaient La Centauresse se formèrent en ligne par tribord. Les câbles de cuivre se hérissèrent comme les crins des bêtes mauvaises. En quelques secondes, des éclairs violents, suivis de longs jaillissements bleuâtres, se croisèrent dans la rade. Les sirènes hurlaient dans la Cité de Vénus. Des collines environnantes se projetaient des gerbes de feu, suivies de grondements