Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/61

Cette page n’a pas encore été corrigée
51
l’île des femmes

cernée par cet essaim impressionnant. En fait, la goëlette ne tarda pas à naviguer avec cette escorte diabolique autour d’elle.

Le chevalier remarqua que la vitesse d’évolution des bateaux casematés, presque sans superstructure, était vertigineuse. L’un d’eux piqua soudain vers le navire des Marseillais comme un taon au poitrail d’un bœuf, puis s’arrêta net à quelques brasses. Le pont était seulement occupé par un porte-voix de cuivre tournant qui trompetta aussitôt ces paroles, dites en un français légèrement zézayant, au grand étonnement des Marseillais :

— Commandant de La Centauresse dirigez votre navire vers l’oriflamme rouge du ponton que vous apercevez quart sud-est. Vous accosterez là et larguerez vos amarres.

Cela dit, et comme pour ne pas attendre une réplique, le myrmidon d’acier vira en vitesse et regagna son rang.

Maussade et furieux, Le Buric donna aigrement ses ordres puis, les bras derrière le dos, les épaules accablées, il attendit, sans donner un seul regard à la cité étagée dont les coupoles polychromes, les palais de marbre, les temples, les colonnes, les arcs et les jardins captivaient l’attention de tous les passagers et marins de la goëlette.

Cependant, le père Loumaigne faisait ces remarques au chevalier émerveillé :

— Cette ville immense et somptueuse me paraît