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L’ESCADRILLE DU DIABLE


Tandis que La Centauresse froissait la robe illuminée de la mer, Dyonis demeura longtemps silencieux, fasciné par les déesses de la passe qui semblaient s’être arrêtées au ras des flots pour attendre les arrivants. Et, vraiment, ces deux femmes de pierre faisaient bouillonner le sang du garçon virginal.

La goélette avait pris maintenant le travers de la côte et mis franchement le cap sur le promontoire brun qui barrait l’horizon à l’ouest.

Le lieutenant Tamarix lustrait d’une main perplexe sa belle barbe noire, montrant dans un demi-sourire la double rangée brillante de ses dents. Selon qu’ils regardaient l’un ou l’autre de ses compagnons, ses yeux changeaient d’expression avec une subtile mobilité. La vue du chevalier, si bellement jeune et naïf en sa contemplation, les rendait admiratifs. Tournés vers le capitaine Le Buric, planté à tribord et bougonnant, ils riaient, extrêmement amusés. Une pointe d’ironie indulgente les traversait en considérant l’agitation con-