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l’île des femmes

— Vénus anadyomène ! dit tout bas le P. Loumaigne.

Deux digues elliptiques reliaient les statues à la terre. L’espace libre, entre chacune d’elles, large de deux cents toises, marquait l’entrée du port, prolongé dans les terres par une immense baie.

Merveille des merveilles ! Au fond de cette baie, une ville étagée, d’une étrange polychromie. Des maisons basses, à toits plats, alignées en rues géométriquement, entouraient le port. Un quartier populeux probablement. Puis, sur une pente assez douce et arrondie, ce n’était qu’arbres, jardins, petits palais de marbre. Deux murailles circulaires, débordantes de verdure, semblaient limiter une autre partie de la cité. De La Centauresse, on eût dit qu’il n’y avait là qu’un immense parc en forme de ceinture. En haut, sur le plateau, des coupoles d’argent et d’or, des temples, des monuments inconnus. Au faîte d’une tour de bronze, de trente pieds au moins, quatre atlantes géants portaient un lourd socle comme un pavois, sur lequel s’érigeait une statue toute en or.

Encore une déesse, élancée en sa beauté suprême, impérieuse, une main levée vers le ciel, l’autre couvrant la ville de son geste d’imposition souveraine. Sous ses pieds, un homme à visage faunesque, à plat ventre, l’échine brisée, l’anneau de l’esclave au jarret.

— Je crois, fit le P. Loumaigne en se signant, que nous ferions bien de fuir au plus vite ce monde