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iv

PREMIÈRE ESQUISSE DE VÉNUSIA


Le voile de brume et de lointain s’évanouissait complètement dans la clarté aérienne. Le paysage, jusqu’alors fondu et indéterminé comme l’arrière-plan\ d’un tableau, accusait des reliefs et montrait ses détails les plus saillants.

L’orée bleuâtre de l’eau, toute clapotante d’écume, battait de son ressac une côte ocreuse, cariée par les vagues et rappelant, avec ses promontoires ébréchés, ses calanques obliques, ses tamariniers et ses palmiers, une côte de Provence plus tropicale que celle tant aimée des Marseillais de La Centauresse.

Au loin, au fond d’un golfe inondé de soleil, s’ouvrait un vaste estuaire où se noyait, en bouillonnant, un fleuve encore vert, eût-on dit, du reflet des luxuriants feuillages de la vallée. À quelques lieues de cette embouchure, un surbaissement du relief côtier découvrait, au loin, des montagnes confuses. L’on pouvait distinguer, cependant, certains sommets arrondis, avec des cratères semblables à ces puys ou volcans éteints