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l’île des femmes

sur toutes les routes descendant des cols échancrant l’onduleuse ligne des collines qui avait masqué à ses regards nostalgiques les péripéties de l’ultime bataille. Alors, après avoir baisé le seuil du Temple, muette de résignation et d’orgueil humilié, la Déesse suivie de ses prêtresses et des plus fanatiques de ses savants embarqua sur un navire de l’air, dernière invention des hommes. Les nacelles du léviathan s’accrochaient à une sorte d’immense cocon, gonflé d’une volumineuse légèreté. À son signal, les machines propulsèrent leur force et le vaisseau s’enleva avec un ronflement d’orage, emportant avec la déesse et ses compagnons les trésors et reliques du temple.

L’armée masculine en marche sur Vénusia suivit le navire volant dans sa haute route au-dessus de l’océan, jusqu’au moment où une gerbe de flammes jaillit, avec un bruit d’explosion suivi d’une chute de débris noirs. Avant que fût passée la stupéfaction soudaine des Masculines, il ne restait dans le ciel, à la place du surprenant monstre aérien, que quelques flocons de fumée épars. La dernière Vénus victorieuse venait de rejoindre l’onde amère, d’où sortit, aux temps fabuleux, la première déesse de sa race.

Ainsi l’armée masculine entra dans la Vénusia par toutes ses portes, sans difficultés, sous les acclamations des hommes de la cité populaire que la victoire du Cynocéphale émancipait.