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l’île des femmes

rières en désordre, avançait toujours le mur écrasant des hommes, prolongé au fur et à mesure par les amazones masculines des deux ailes, chacune se retirant de la mêlée pour regagner son rang. De sorte que sous l’effet de ces vicissitudes, la bataille s’établit de nouveau parallèlement au fleuve et en direction générale de Vénusia, masquée par la ligne des collines.

À ce moment, toute la cavalerie masculine, environ quatre mille chevaux, rasant les pentes boisées, se porta sur les turmes adverses, accourues des marais solfatares pour protéger la retraite devenue inévitable. Le heurt se produisit de part et d’autre, avec une sanguinaire violence. Ni Tamarix ni le chevalier de Saint-Clinal ne virent rien de cette charge meurtrière. Le P. Loumaigne, toujours occupé à relever les blessés et à consoler les mourants sur le terrain du premier assaut des hommes, fut spectateur, lui, de ce combat d’amazones déchaînées. L’emportement des Masculines fut tel qu’au premier choc, le rang des lances passa au travers des Vénusiennes. Les combats individuels n’eurent lieu qu’avec les sabres de la seconde charge. Des femmes tombaient dans le tumulte, perdant la vie à flots rouges. Les chevaux se dérobaient en une course infernale. Cris, gémissements, dans une mêlée furieuse d’armes, de muscles, de corps révolutionnés par la lutte impitoyable.

La supériorité des Masculines s’affirmait avec une progression si meurtrière que les fragments