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l’île des femmes

L’abordage eut lieu cette fois avec une puissance d’élan formidable. Les coups des mâles tout à l’heure interdits devant les femmes pourpres n’hésitaient plus. Les hommes, maintenant, attaquaient beaucoup plus qu’ils ne paraient, assénant leurs coups avec une affreuse violence. Les rousses rugissaient, échevelées, défigurées, pantelantes. On voyait leurs cuisses trapues arc-boutées, leurs bustes projetés en avant, les muscles enflés dans l’effort du combat. Toutes ces Furies aux yeux flamboyants combattaient avec une adresse vertigineuse, précipitées dans la mêlée de tout leur être par un indescriptible emportement offensif.

Toujours silencieux, le front bas comme des taureaux, musclés et monstrueux de force déchaînée, les hommes continuaient de frapper avec une vigueur redoublée. Le sang rouge fluait des beaux seins blancs que le doux lait maternel aurait dû gonfler. Des ventres laissaient échapper leurs entrailles. Sur les faces tailladées grimaçait horriblement la stupeur du meurtre. D’autres femmes tombaient, étourdies, le casque entré jusqu’aux oreilles, sous la massue des assommeurs.

Le P. Loumaigne priait de nouveau, debout, face au ciel.

Lydé et les deux amazones poussaient des cris aigus.

Le chevalier ne quittait point Tamarix du regard. Il le voyait, bouclier à l’avant-bras, parant