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l’île des femmes

lines, la légion des lionnes rousses changea de front avec une prompte vélocité. Maintenant, les deux troupes, à sept ou huit cents pas les unes des autres, avançaient dans un ordre magnifique, comme pour la parade. Du mont Astarté, l’on entendait les flûtes perçantes et les tambourins des rousses.

À cent pas, les deux premières lignes adverses se précipitèrent sauvagement l’une sur l’autre, les hommes silencieux, les « lœenas » poussant des cris de guerre stridents.

Sur le mont Astarté, des : « oh ! » d’angoisse se perdirent dans l’espace. Le choc se produisit. Les hommes et les lionnes s’attaquaient, au glaive et à la massue d’armes, avec une tragique violence. Des guerriers tombaient à la renverse, blessés par les amazones bondissantes et félines qui les frappaient diaboliquement par-dessus le bouclier ou en-dessous. Le premier rang des hommes se heurta aux terribles combattantes comme une balle à un mur. Les mâles reculaient maintenant dans le reflux de leur effort. Le glaive haut, aveuglé par la sueur qui ruisselait de son front, ses dents de carnassier férocement en dehors, Tamarix profitant de l’arrêt des rouges qui reformaient leurs rangs, renforça sa première ligne avec un homme sur deux de la seconde et commanda : « en avant ! » après avoir crié d’une voix brûlante à ses soldats : « Il faut vaincre !… Les hommes ne peuvent être battus par des femmes ! »