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l’île des femmes

avait massé l’élite de sa cavalerie de ce côté, derrière le bois d’orangers et les olivettes couvrant une ride pierreuse du sol.

Le quatrième jour, au soleil levant, le Père Loumaigne, le chevalier et les trois amazones, qui n’avaient pu quitter leurs rochers à cause de la légion des gorgones rouges et de la cavalerie campée en bas autour du mont, aperçurent sur les tertres hauts qu’ils dominaient de loin, les vélites masculines se portant en avant, au pas de course, leurs fines javelines à la main. Dans les deux lignes, aussitôt, des sonneries de trompettes clamèrent la bataille.

La petite decuria Lydé aux tresses blondes, trépignait, narines vibrantes, avec des lueurs d’acier dans ses tendres prunelles bleues. Le Père Loumaigne pâlit, tandis que Dyonis, presque aussi effervescent que son amie, haletait d’émotion et de curiosité. Il voulait tout voir.

Depuis le matin les avicella murmuraient dans le ciel, crépitant deci-delà. Parfois, on en voyait se décrocher tout à coup de la voûte d’azur et tournoyer leur vertigineuse chute.

L’escarmouche des vélites des deux armées fut de courte durée. On vit de part et d’autre ces agiles guerrières reculer et se perdre dans les trois lignes d’amazones, qui avançaient l’une vers l’autre en poussant des cris terrifiants. L’innocence du tendre soleil de l’aurore faisait reluire avec un éclat