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l’île des femmes

Une magnifique autovelox, sorte de salon roulant, emporta bientôt à toute vitesse, sur une large route rose, avec la Bellatrix Lalagé et le Marseillais encore tout ébaubi de ce qui lui arrivait, mais déjà en possession de son âme de chef de guerre.

Lorsque les asters sanglants des Vénusiennes éclatèrent dans le bleu sombre du ciel nocturne, le mouvement en avant des Masculines fut aussitôt ordonné. Les ponts de bateaux, dont les équipages se trouvaient à pied d’œuvre furent rapidement établis par des hommes charpentiers. Toute la nuit, des colonnes silencieuses frappèrent le sol des routes de leurs semelles plates et disparurent, une à une, dans la forêt des Cynocéphales, l’infanterie au centre, la cavalerie aux deux ailes, dans les vallonnements découverts.

Les Vénusiennes ne troublèrent point cette traversée, leur plan étant de ne livrer bataille que lorsque leurs ennemies auraient ce fleuve à dos. La Bellatrix dea, qui avait parfaitement pénétré le dessein des Vénusiennes de la jeter au fleuve avec son armée, se décidait d’elle-même à franchir la frontière d’eau qui la séparait des ennemies, d’abord parce que Venusia, enjeu de la bataille, était située sur l’autre rive, ensuite parce qu’il fallait bien attaquer les Vénusiennes où elles se trouvaient, pour les battre. Certes, la Bellatrix n’ignorait pas qu’une défaite serait un grand désastre. C’est pour cela qu’elle avait longuement préparé la victoire. Main-