Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/251

Cette page n’a pas encore été corrigée
241
l’île des femmes

un bruit de cavalerie. C’était la légion de la Garde, partie de la cité de Vénus Victrix, qui marchait vers le champ de bataille. Toute la nuit continuèrent à défiler des légions à pied ou à cheval. Lydé reconnut à un certain moment la légion pourpre. Son cœur se serra en songeant au mal que ces lionnes allaient faire à ses sœurs, les Masculines. Cependant, à tous les regrets que lui inspirait sa mort prochaine, s’ajoutait la douleur de manquer au combat. Tout son être, maintenant, frémissait et souffrait de sa combativité impuissante. Elle redevenait l’amazone aux seins durs et au regard acéré.

Blotti au plus épais du feuillage, le Père Loumaigne attendit plusieurs heures en priant. Enfin l’amazone revint, de mauvaise humeur.

— Le coup est manqué, dit-elle rapidement. Les Vénusiennes de garde, qui devaient faciliter l’évasion de nos prisonniers et nous suivre ensuite, viennent d’être relevées par des novices, toutes les guerrières, sans en excepter une, étant dirigées sur l’armée pour le combat décisif. Moi-même, je suivrai demain matin l’État-major de la Bellatrix dea des Vénusiennes. Votre ami et cette pauvre Lydé sont perdus.

— Non, non, répliqua sourdement le Jésuite, non, car dès demain matin j’obtiendrai leur grâce de la déesse. Je traverserai les murailles du palais, s’il le faut, pour lui parler.

L’amazone esquissa un sourire sarcastique, puis resta un instant songeuse.