Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/250

Cette page n’a pas encore été corrigée
240
l’île des femmes

— Nous ne le voulons pas !…

Mais, à ce moment, la cloche d’alarme sonna à toute volée dans le quartier des amazones.

Un silence soudain. Toutes les guerrières, l’haleine suspendue, le corps raidi sous le lin pur des voiles, écoutent.

— Aux armes ! crie-t-on déjà sur le forum.

Une multitude de Vénusiennes, en passant, jetaient des paroles amies aux amants avec leurs couronnes de fleurs ; quelques-unes même baisaient les mains de Lydé, disant :

— Nous aussi, nous allons mourir !

En quelques minutes, le tertre et le forum se trouvèrent dans le silence que la lune blafarde hantait. Peu de temps après, les sentinelles furent relevées par des amazones novices, des jeunes filles de seize ans. L’une des anciennes avant de partir, dit à Lydé :

— Nous comptions vous sauver cette nuit. Le coup allait se faire, hélas ! nous ne serons plus là !

Lydé sentit un funèbre chagrin assombrir son cœur. Elle aurait tant voulu vivre encore avec le jeune dieu des pays lointains qui lui avait ouvert les sources chaudes et ruisselantes du bonheur !

Elle fit asseoir le chevalier à côté d’elle, sur la paille de maïs et, bouche contre bouche, ils s’endormirent sous le buisson en fleurs de leurs inépuisables baisers.

Une heure après, les amants furent réveillés par