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l’île des femmes

des amazones en son divin cantabile. Et ce fut, non seulement sur le tertre lunaire, mais aussi propagé dans les profondeurs de la cité des amazones, un ineffable chœur vocal, exprimant les vagissements éperdus de la femme d’amour et les secrètes musicalités de sa passion.

Un autovelox, au feu rouge et bleu, s’arrêta en contrebas.

Le Père Loumaigne qui en descendit crut entendre le séraphique concert des anges musiciens. Son amazone le poussa vivement dans un massif, avec consigne d’attendre là, sans bouger, jusqu’à son retour. La voiture repartit à toute vitesse en faisant sonner sa trompe de loin en loin.

Cependant, Lydé cessait de chanter elle-même. Tandis que le chœur divin continuait, elle enlaçait Dyonis avec force. Le pressant sur sa jeune poitrine :

— Si c’est notre dernière nuit, dit-elle, exaltée, elle aura été du moins suprême.

La vue des deux amants enlacés dans le clair de lune angélique rendit frémissantes les Vénusiennes. Leur émoi secret s’exprima alors par un chant qui devint comme une caresse tressaillante. Grisée par ce long soupir enamouré des colombes nocturnes, Lydé cria aux Vénusiennes :

— Ceux qui vont mourir, ô femmes ! auront connu l’amour et la vie heureuse !

Des voix encores enchantées ripostèrent :