Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/246

Cette page n’a pas encore été corrigée

xx

LES AMANTS DÉLIVRÉS


Quand eut cessé la légère pluie tiède, Lydé et Dyonis foulant les feuilles de maïs qui leur servaient de litière, se dressèrent le long des barreaux de leur cage pour scruter le forum des amazones, agité, à cette heure de nuit, d’une façon insolite. Les paroles échangées y étaient vives et ardentes ; parfois des fusées de rires sarcastiques ou des chants énervés en couvraient la confusion bruyante. Une sentinelle en passant auprès des prisonniers leur dit tout bas et à la dérobée : « Ça ne va pas. La guerre recommence. Vous serez peut-être délivrés. »

La douce lune maintenant versait son fluide de songe sur le paysage en cet endroit peu ébranlé par le tremblement de terre du matin. Les deux amants s’évadaient de toute leur âme ailée vers les espaces libres, ce qui rendait plus sensible encore à leur jeunesse l’étroite captivité où les tenaient les Vénusiennes. Dyonis prenant la main de Lydé, en ce moment enfermée avec sa pensée dans un triste silence, murmura doucement à son oreille :

— Je t’aime, petite Lydé aux tresses blondes. Ne