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l’île des femmes

musclées comme des hommes, étaient armées de ce léger bouclier que l’on appelait dans l’ancienne Rome : lunatis, en croissant de lune, d’un long poignard passé dans la ceinture et d’une lance courte, légère, presque pareille à un aiguillon. L’une sur deux portait au lieu de cette lance une massue en forme de boule à pointes, à manche court et flexible.

Soit qu’il fût suggestionné par les cris exaltés des Vénusiennes de la villa, soit que l’aspect des amazones pourpres lui donnât cette impression, le Père Loumaigne attribuait à ces combattantes une valeur guerrière redoutable. Et cela lui donnait à penser que la bataille imminente ne serait pas un jeu de demoiselles !

La colonne des rousses n’était pas encore entièrement écoulée qu’un brouhaha se produisit dans la villa des amazones où la tuba retentissante scandait la sonnerie d’alerte. Des palefreniers esclaves amenaient les chevaux harnachés et sellés sur la route. En moins d’un quart d’heure toute la centurie de la garde, aux cuirasses et aux casques argentins, était en selle, les bottines éperonnées dans les étriers larges. Un coup de sifflet de la centuria, et la turba femina s’enlevait, suivie de ses fourgons. Il n’y avait plus d’éclairage maintenant dans la villa militaire. Les esclaves restés sur la route pour regarder s’éloigner la troupe, se retiraient un à un. Bientôt ce fut le silence, ouvrant tout l’espace au