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l’île des femmes

une marche militaire. Il ne se trompait point. Lorsque cette musique devint plus distincte, les danses s’interrompirent et bientôt toutes les baies de la villa furent occupées par les amazones. Un réflecteur, couvert par un immense abat-lumière, arrosa la chaussée de clarté. À genoux au pied du socle, le Père écarta doucement quelques branches pour mieux voir la route lui aussi. Des vivats éclatèrent aux fenêtres. Le Père entendit distinctement ces paroles de part et d’autre :

— Les terribles !… La légion rouge part ! Alors, c’est pour de bon ! Qu’est-ce qu’elles vont recevoir les Masculines !… Ce sera bientôt notre tour. Quand les lœenas bougent, la garde suit de près. Vivat ! Vivat ! les terribles de la Légion de la Mort.

Les musiciennes passaient, suivies des étendards de la consula, de ses officiers à cheval, des manipules et centuries. Rapide et comme agressive était la marche des légionnaires à pied, toutes rouges de cheveux, vêtues d’une sorte de casaque écarlate, coiffées d’un très léger casque à l’aigrette couleur de sang. Le Père pouvait remarquer sous la vive lumière, les pommettes saillantes, les cous forts et la physionomie fermée, presque brute, de ces amazones extraordinairement féroces. Les guerrières rouges ne souriaient pas en passant ; elles détournaient à peine leurs regards farouches vers celles qui les acclamaient. Le Père remarqua encore que ces guerrières, toutes courtes de taille et