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l’île des femmes

fleuve d’Émeraude avec vous, sauf si mes deux compagnons devaient se trouver en danger après notre départ.

— Ne craignez rien, répliqua l’amazone, leur présence paisible là-haut, tandis que nous agissons, témoignera suffisamment de leur innocence. On les tient, d’ailleurs, pour absolument inoffensifs…

— Alors, conclut le Père, à la grâce de Dieu.

— Et maintenant, silence ! commanda l’amazone.

Les deux affidés nocturnes atteignirent peu après la barrière de fer et de treillis qui clôturait l’immense canton des savants. Par une simple pression du doigt, l’amazone éclaira une petite lampe portative. Ses mains tâtaient les barreaux, cherchaient. Enfin, un panneau de treillis se rabattit. L’amazone fit passer le Père par la brèche et, l’ayant suivi, remit tout en ordre.

C’était ici un vrai bois aux senteurs poivrées et vanillées. La pluie tambourinait à peine sur les feuilles hautes. De loin en loin, une goutte tombait. Peu après, comme ils arrivaient sur un tertre où le baume des conifères dominait, l’amazone dit au Jésuite :

— Attention, nous allons descendre un escalier aux degrés enrochés et rapides, pour atteindre la vallée des Fontinales.

La gaze aqueuse du ciel flottait maintenant. Des mers intérieures d’azur étoilé et de latescence lunaire se formaient. L’ondée cessait, tandis que les