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l’île des femmes

Le P. Loumaigne dévia. Il ne pensait qu’à Dyonis. Peu après sa sortie du palais de la Vénus victorieuse, il avait réussi à se faire dire que les captifs exposés dans la cage d’infamie étaient la decuria Lydé et un jeune homme des pays lointains. Depuis, une morne consternation assombrissait le capitaine Le Buric et maître Onésime Pintarède. Que faire ? Tous les moyens envisagés pour délivrer le chevalier étaient impraticables. Cependant, en envoyant Lycisca porter la réponse de la Dea à la Bellatrix, et en décidant lui-même de rester à Vénusia, le Jésuite s’était bien juré de sauver son élève. Tenaillé par son souci, il osa dire au Recteur des géographes :

— Et de mon élève mis en cage avec la décuria Lydé, que va-t-on faire ?

— Ils seront jugés.

— Pourquoi ?

— Votre élève a été pris avec une amazone. En ce cas, la femme seule est mise en jugement. Si elle encourt une condamnation, la sentence s’applique aussi à son compagnon.

— Mais c’est horrible ! s’écria le P. Loumaigne épouvanté.

— N. de D… ! jura Le Buric en serrant les poings.

— On ne devrait point faire ça ! nasilla Pintarède.

— La loi est cruelle, j’en conviens, reprit le recteur avec calme. Mais, jusqu’ici, elle a maintenu les amazones dans la discipline et le devoir.