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l’île des femmes

pas engagées dans l’art funeste de s’entre-détruire en masse. Voilà pourquoi nous ne violerons pas les lois que notre humanité s’est données pour limiter les ravages des instincts homicides. En outre si nous employions les armes à grande puissance, les Masculines, maîtresses des centres industriels, seraient en état de nous répondre. Les ravages du combat naval livré au moment de votre arrivée suffiraient pour interdire au besoin de pareilles batailles sur terre.

— Et si les Masculines transgressaient la loi en se servant des armes foudroyantes ? demanda encore maître Onésime, avec un air malin.

— Elles ne feront point cela. Jusqu’ici les révoltées n’ont violé aucune des lois sacrées de l’île. Elles ne prétendent mettre en vigueur leur constitution, basée sur l’égalité des sexes et la formation des couples, que lorsqu’elles auront pu s’emparer de Venusia et du Temple de la Déesse, où serait proclamée la loi nouvelle.

— Permettez-moi de dire, intervint alors le Jésuite, qu’il me paraît vraiment extraordinaire que vous, des hommes, et des hommes supérieurs par le savoir, puissiez redouter un tel ordre de choses.

— Votre étonnement ne nous surprend point, Père profès, répliqua le spécialiste des pays latins d’Europe. Voici notre idée. Nous pensons que lorsque les femmes ne régleront plus les affaires du ménage social, tout ira de mal en pis, comme chez vous.