Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/234

Cette page n’a pas encore été corrigée
224
l’île des femmes

deux autres Marseillais se trouvaient parmi le clan des géographes. Le Jésuite observait combien était profonde l’angoisse des savants vénusiens. Tous semblaient redouter les suites de l’implacable lutte qui recommençait. Ils ne dissimulaient point que la force des « femelles furieuses » comme ils disaient, était celle de la nature déchaînée. Le torrent brisant son aqueduc et s’échappant librement à travers le paysage dévasté ! Le P. Loumaigne eut beau s’offrir pour une tentative nouvelle de médiation, il ne recueillit que des exclamations résignées. Devant son insistance, ses interlocuteurs affirmèrent tristement qu’aucune force humaine ne pouvait contenir les antagonismes déchaînés, maintenant que le frisson de la guerre saisissait de nouveau l’île.

À ce moment, maître Onésime Pintarède, que le Père profès eût volontiers fouetté pour ses malencontreuses paroles, crut bon de dire :

— Mais pourquoi n’employez-vous pas pour vous défendre tous les moyens dont votre science a pourvu l’île, vos formidables canons par exemple ? Il me semble que c’en serait vite fait de vos Masculines, si vous le vouliez.

Le recteur répondit lui-même avec gravité :

— En faisant ce que vous dites, nous accomplirions nous-mêmes une révolution plus excessive encore que celle tentée par les Masculines. Et cette révolution serait un crime, un grand crime contre toutes les générations à venir. Ne les aurions-nous