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l’île des femmes

vers les lointains mystères de la mer océane. Des jours et des nuits passèrent. L’océan se calma. Les esclaves marins tendirent les voiles. L’embarcation naviguait à vive allure. Toujours point de terre à l’horizon. La trirème était pourvue de son approvisionnement de guerre. On vécut de galette, de viande fumée et d’hydromel. Durant plus de deux mois, la frêle embarcation chargée de femmes flotta dans l’océan désert, sous un ciel traversé de grands oiseaux blancs. La chaleur devenait de plus en plus brûlante. Enfin, certain jour, une côte dessina ses anfractuosités à l’horizon. C’était l’île actuelle où le vaisseau des femmes débarqua.

Parmi les romaines perdues dans un autre hémisphère, se trouvait une matrone de génie : Julia Sénecion junior, connue pour sa haine de l’homme et pour ses idées sur un monde où la femme restaurerait l’empire des amazones guerrières. Gouverneuse de l’île, elle se fit appeler Myrina, en souvenir de la grande conquérante. C’est elle qui organisa le culte de Vénus, en édifia l’organisation sociale et voua les hommes descendants des esclaves rameurs à une servitude perpétuelle.

Entendant des pas, le Père ferma vivement le livre sacré, heureux d’être renseigné enfin sur le mystère de l’île.

On venait le prendre. Il traversa l’affolement du Palais bouleversé et rejoignit ses amis, en côtoyant de larges crevasses qui s’étaient produites dans le