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l’île des femmes

que vous invoquez. Je sais que je serai inflexible dans mon rôle et j’en gémis.

La grande-prêtresse survint alors, suivie des négresses.

— Allons visiter le palais, dit la Déesse, en reprenant son air de majesté. Faites reconduire l’homme étranger auprès de ses compagnons. Un sauf-conduit lui sera délivré, s’il désire retourner auprès de la Bellatrix dea. Et que ce soir, le feu rouge soit lancé.

Et elle sortit, lente, avec un pas d’idole indifférente.

Le Père Loumaigne attendait. Personne ne venait le prendre. L’antichambre voisine était libre. Il visita alors le sanctuaire de la déesse bouleversé. Un pupitre était renversé, avec un gros livre ouvert sur le tapis, dont la reliure se rehaussait de pierreries. Un livre. Le Père le souleva. C’était l’histoire secrète de l’île. Il lut avidement les premiers feuillets et c’est ainsi que lui fut révélée l’origine de cette étrange colonie de femmes.

Sous le règne de l’empereur Hadrien, des dames romaines de la péninsule ibérique, toutes adeptes du culte de la Bona dea, avec la permission de leurs maris, étaient parties en mer sur un vaisseau militaire, garni d’esclaves rameurs. Une tempête brusque survint au cours de la promenade, avec un fort vent de terre poussant l’embarcation au large et dans le sens d’un courant qui l’entraîna