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l’île des femmes

Le Père Loumaigne restait seul, au milieu du désastre.

Alors, il se mit à genoux pour prier.

Le Jésuite était si perdu dans son oraison, qu’il n’entendit point un pas léger approcher de lui. Une main se posa légèrement sur son épaule. C’était la déesse.

— Homme, dit-elle doucement, nous sommes seuls. La terre vient de trembler. Nos savants avaient prédit l’événement ; leurs instruments l’annonçaient. C’est le feu intérieur de la terre. Le volcan vomit maintenant des fumées de soufre et des vapeurs brûlantes. Écoute-moi bien et jure sur ton Dieu que ce que je vais dire restera dans le secret de ton âme.

— Je vous le promets, Majesté !

— Eh bien ! moi la souveraine de l’île, la Vénus irritée, je voudrais bien aussi être une mère, une femme, une simple femme, comme celles de ton pays que nous connaissons bien, car nous avons à Paris des émissaires qui nous envoient fréquemment des nouvelles par les ondes de l’air.

— Eh bien ! alors, fit le Père étonné, pourquoi Votre Souveraineté ne permettrait-elle pas à toutes les femmes de réaliser ce qui est le vœu profond de la créature ?

— Parce que je ne suis pas moi, parce que j’obéis à une longue tradition, à l’ordre établi, à la loi de mon sacerdoce, à celle de la souveraineté