Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée
215
l’île des femmes

pier dans la main. Elle gravit les marches du trône, se prosterna et tendit son pli en se relevant.

Le Père Loumaigne vit les sourcils de la Déesse se froncer en lisant. Elle immobilisa une seconde son regard. Puis, rendant le papier, elle dit à voix basse, mais distincte :

— Qu’on les mette dans la cage d’infamie. Procédure ordinaire et rapide pour l’amazone.

La femme agenouillée, qui était un ministre de l’île, se releva et sortit en regardant le Jésuite d’un air dur.

Le Père tressaillit sans le laisser paraître en écoutant l’ordre qui venait d’être donné. Ne s’agissait-il point de l’imprudent Dyonis et de sa jeune compagne ? L’ombre d’un pressentiment donna du malaise au précepteur.

La Déesse, le reprenant sous l’emprise de son regard souverain, dit alors :

— Donnez-nous le message du Dieu des hommes.

Le bras tendu et sa belle tête érigée, le Père, ainsi provoqué, s’écria avec sa mâle éloquence :

— Le dieu des hommes et de toute l’humanité, l’unique dieu de l’univers, celui qui commande aux rois et aux peuples, a fait ce commandement à l’origine des temps :

« L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils seront deux dans une même chair. »

— Moi, fit la Déesse sans sourciller, je vais vous