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l’île des femmes

sur la face de sa divine interlocutrice. Oh ! ce front pur éclairé d’un jour égal, l’arc des sourcils, ce nez droit, ces yeux, ces yeux profonds, intenses, ces prunelles de l’Aphrodite glaucopis dont le pauvre Jésuite sentait le rayonnement traverser toute son humanité sensible. Avant toute autre parole, il se trouvait subjugué par cette présence, dont le prestige, autant que la beauté, semblaient surhumaniser la femme.

— On m’a rendu compte, reprit la Déesse, de l’objet de votre mission. Je sais comment vous êtes entré dans la Cité sainte. Le caractère de votre personnalité m’a été révélé. Je vous reçois, mais sachez que ce n’est pas en qualité d’envoyé de la Bellatrix révoltée, sacrilège, criminelle ; vous êtes ici, devant moi, un délégué du dieu des Hommes. Parlez.

Le Père Loumaigne redressa sa haute taille, et, tout enveloppé de la noblesse de son caractère, essayant de ressaisir la gouverne de son esprit, il répondit :

— Je supplie Votre Majesté de ne juger la témérité de ma démarche que d’après les humbles et fervents sentiments d’humanité qui m’ont amené à ses pieds. J’ai sollicité avec insistance, de celle que vous appelez la Bellatrix rebelle, la mission que je remplis ici pour l’amour de Dieu et de sa créature. La pacification du terrible conflit est mon seul but.

À ce moment, une femme entra, tenant un pa-