Page:Raymond Clauzel L'Ile des femmes 1922.djvu/222

Cette page n’a pas encore été corrigée
212
l’île des femmes

— Oui, et pour l’amour des habitants de toute cette île.

— Êtes-vous porteur d’une mission écrite ?

— Non, ou tout au moins, ce que j’ai à dire n’est écrit qu’en mon cœur.

— La Déesse consent à vous voir. Ce sera la première fois qu’un étranger pénétrera ici. Je pense n’avoir aucune recommandation à faire à un homme tel que vous. Puissiez-vous favoriser la paix de l’île. Il est très douloureux de voir couler le sang de ses brebis.

— J’y tâcherai de toute mon âme, reprit le Père.

— Suivez-moi. Je vais vous introduire.

Encore une enfilade de salons. La Grande-Prêtresse souleva une tenture et laissa le P. Loumaigne seul dans une grande pièce lumineuse où des amazones encore montaient la garde dans une immobilité hiératique.

Une jeune canéphore en tunique de lin hyacinthe, ses belles tresses blondes tombant sur les épaules, vint prendre le Révérend.

L’instant décisif approchait. Le Père Jésuite n’était pas ému. Entièrement repris par la vigoureuse simplicité de son âme, il ne pensait plus qu’à sa mission, sentant déjà s’affirmer en lui toute la force d’une indomptable volonté. Ayant passé entre deux lourdes tentures qui venaient de s’ouvrir, il fut frappé soudain d’éblouissement, comme un diamant illuminé de soleil.