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l’île des femmes

que le cabinet s’élevait tout seul, d’un mouvement continu, vers les hauteurs de l’édifice. Après quelques minutes d’ascension, un arrêt se produisit. Le Père et sa conductrice, sortis du cabinet, se trouvèrent sur une vaste terrasse à balustres, entourant le dôme, un véritable palais octogonal, à trois étages sous la coupole. Des colosses nègres, demi-nus, montaient la garde par deux, devant chaque issue, avec une massue de bronze dans leur poing noir.

La Vénusienne dit alors au Père :

— Vous verrez la Grande-Prêtresse d’abord. C’est elle qui vous conduira ensuite auprès de la Divine.

Avant de franchir la porte d’airain qui venait de s’ouvrir, le Jésuite émerveillé jeta un regard sur le panorama aperçu de cette hauteur. Toute Vénusia, sa houle de jardins et d’édifices, descendait jusqu’à l’Atlantique illuminé de soleil. Il songea alors à sa première vision de l’île-femme à bord de La Centauresse, et à son cher Dyonis. Que devenait-il, son élève ? Ne lui était-il point arrivé malheur au cours de cette expédition qu’il avait désapprouvée ? Il était loin de soupçonner, l’excellent précepteur, que son Éliacin se trouvait prisonnier, à cette heure, des farouches Vénusiennes.

Lorsqu’ils eurent franchi encore trois boudoirs avec des coussins et des divans chargés de femmes aux yeux phosphorescents dans l’ombre, le Père