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l’île des femmes

quelque peu effaré dans une immense antichambre à colonnettes d’émaux, entre lesquelles se tenaient droites de merveilleuses jeunes femmes, toutes nues sous leurs voiles transparents. Dans son ensemble, et par ses verrières cloisonnées, ce décor inimaginable de mosaïques, de meubles opulents, d’objets d’art, de tapis, de tentures et de coussins donnait une sourde et profuse symphonie en bleu. Le Père Loumaigne crut respirer une haleine de perdition dans les délices parfumées de cette serre féminine.

La messagère s’était effacée. Une grande femme solennelle, aux mains lourdes de pierreries, s’approcha du Jésuite.

— L’étranger ? dit-elle.

Le Père s’inclina.

— Vous parlez le vénusien, paraît-il ?

— Suffisamment.

— Bien, suivez-moi.

Cette Vénusienne, impériale par son costume comme par l’altière et sombre beauté du profil, ouvrit la porte d’un cabinet carré, entouré de banquettes. Déjà si ébloui par tant de magnificence, le maître de Dyonis crut entrer dans un écrin, comme un objet précieux. Lorsqu’il se fut assis, la Vénusienne, d’un haut rang sans doute, pressa sur un bouton. À la grande surprise du religieux, en train de songer aux splendeurs fabuleuses de Babylone, un lustre s’alluma au plafond tandis