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l’île des femmes

taient l’allée suivie par le Révérend Père, que tant de beauté voluptueuse et raffinée sursaturait de couleurs, d’aromes et de formes.

Il venait de franchir avec son guide une grille aux battants de cuivre. C’était maintenant un spacieux dallage rose, quadrillé de plates-bandes ornées d’arbres rendus nains, grêles, à la manière japonaise, et couvertes, au ras du terreau, de curieuses plantes grasses qui ressemblaient à des faïences. Sur le fond de cet hémicycle, apparaissait dans sa pleine gloire architecturale, le palais de Vénus Victrix. D’abord, un immense péristyle circulaire à colonnes blanches, donnant accès à une seconde cour, dont le palais à tourelles gracieuses et façades sculptées achevait l’ovale. En recul, très haut par rapport aux toits étagés, ce qui indiquait, par l’harmonie des proportions, l’immensité de l’édifice, s’érigeait le dôme surmonté lui-même de la colonne portant la statue de Vénus victorieuse, avec son homme de bronze écrasé sous ses pieds.

Il fallut traverser la salle des gardes où les grandes amazones dorées, lance au poing, exerçaient leur vigilance. Le Père, ébloui et fuyant ces visions, se trouva ensuite dans un jardin intérieur, rappelant l’admirable Généralife de Grenade. Ce patio et un second corps de garde traversé, la Vénusienne fit monter au Père sept marches lamellées d’argent. Là commençaient les appartements privés de la déesse. Le Révérend Père se trouva