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l’île des femmes

Puis, après un silence et avec une éloquence contenue :

— La vie humaine n’est qu’un passage : heureux ceux qui le traversent en marchant vers le Dieu qui les appelle, sans se perdre dans les labyrinthes de l’intelligence, sans s’envaser dans les voluptés de la chair !

— Amen ! soupira maître Onésime Pintarède qui venait de réussir à donner un petit coup de langue au bout de son long nez.

Une messagère vint informer le Père que la déesse l’attendait.

Le recteur recommanda alors à l’étranger d’être prudent et retenu dans ses paroles, de bien se persuader aussi par avance qu’il allait se trouver en présence d’une créature rendue surhumaine par la vénération du peuple vénusien et par sa sublime prédestination.

Le Père Jésuite remercia le savantissime d’un sourire condescendant et suivit la messagère avec son calme habituel.

Il cheminait posément sur un sable fin, déjà arrosé par les esclaves, dans un paysage velouté de gazons humides, diversifié par les feuillages d’arbres et arbustes aristocratiques. Une véritable folie multicolore de fleurs épanouies à profusion dans les corbeilles, autour des habitations éparses et des monuments de marbre, d’un galbe léger, féminin. Des statues polychromes de déesses escor-